Greffes de gencives

En cas de récession des gencives, il faut d’abord poser le diagnostic de la cause, puis la traiter pour éviter tout récidives.

Ensuite, une fois la gencive stabilisée et assainie, il est possible d’envisager une greffe : un greffon est prélevé au palais, puis greffé sur la racine nue après préparation du lit receveur.

La greffe est parfois indispensable avant de finaliser la pose d’un implant.

Deux types de greffes peuvent être pratiquées, selon l’état général de la gencive et la gravité de la récession :

  • la greffe conjonctive enfouie,
  • la greffe épithéliale conjonctive.

Principe et indications d’une greffe de tissu conjonctif

La greffe conjonctive consiste à prélever dans la bouche (sur la partie profonde du palais) un petit morceau de tissu conjonctif, sans épithélium. Le tissu conjonctif est un des plus répandus de l’organisme, composé majoritairement de collagène, facteur épaississant des tissus.

Ce greffon est ensuite recousu sur la partie dénudée de la dent, en étant glissé sous l’épithélium du site receveur. Le greffon va cicatrisé et se mélanger au tissu de la zone ainsi recouverte, de façon durable, le résultat final est atteint à 6 mois.
Cette méthode est adaptée aux dents les plus visibles, car une fois la greffe prise, la partie nouvellement couverte est de la même couleur que le reste de la gencive.

La greffe de tissu conjonctif permet de :

  • Compenser le déficit esthétique de la récession sévère de gencive sur une ou plusieurs dents afin d’en couvrir à nouveau la racine,
  • limiter l’hypersensibilité aux aliments et boissons du fait de la dénudation des racines.

Principe et indications d’une greffe épithéliale conjonctive

La greffe épithéliale conjonctive consiste à prélever un lambeau de pleine épaisseur, c’est-à-dire incluant le tissu conjonctif et l’épithélium kératinisé, soit les deux premières couches de la muqueuse, toujours prise dans le palais.

Les tissus kératinisés sont des tissus faits de plusieurs couches de cellules plus résistantes.

La pose d’un greffon épithelio-conjonctif sur la partie anormalement dénudée d’une dent permet à la fois de recouvrir la dent et de stabiliser la gencive, ainsi plus résistante aux mouvements de mastication.

La greffe épithéliale conjonctive permet de :

  • Traiter les récessions gingivales plus sévères, par augmentation du tissu kératinisé, et recouvrir une zone plus importante de la racine.
  • Traiter les sites déchaussés avec un résultat esthétique moins harmonieux qu’en cas de greffe conjonctive simple, du fait de la légère différence de teinte.
  • Préparer la pose d’un implant, une fois la dent abîmée ôtée. Le renforcement de la gencive par apport de tissu kératinisé limite le risque d’inflammation autour de l’implant et consolide la zone d’implantation.

Cette chirurgie est bien maitrisée et offre un résultat stable à long terme.

Attention : si la récession gingivale est très sévère, elle provoque non seulement la dénudation de la racine mais également une perte de matière osseuse. Dans ce cas, la greffe n’est pas possible car la perte de tissu et d’os est trop importante pour être compensée par une greffe, faute de support auquel raccorder le greffon.

Lorsque la zone à couvrir est voisine d’une gencive en bonne santé et d’épaisseur suffisante, on peut également utiliser la technique du « lambeau déplacé », permettant d’éviter un prélèvement dans le palais.

Cette technique est notamment employée dans le cas d’une canine incluse (retenue sous la gencive). Une partie de la gencive est alors déplacée latéralement ou apicalement (de la base vers l’extrémité).

Déroulement d’une greffe de gencive

Une greffe de gencive, quelle que soit son ampleur et la technique retenue, se pratique en cabinet dentaire, sans nécessiter ni hospitalisation ni anesthésie générale.

L’arrêt de travail n’est pas non plus nécessaire.

15 jours avant la chirurgie, un nettoyage de la gencive est effectué par un détartrage et débridement/polissage afin d’opérer dans des conditions optimales.

Une antibioprophylaxie est prescrite, afin d’éviter toute prolifération bactérienne sur le site opéré.

Le jour de l’intervention, le praticien pratique une anesthésie locale, suffisante pour permettre un geste sans douleur.

Le prélèvement de gencive est effectué, soit par prélèvement profond (greffe épithéliale conjonctive) soit plus superficiel (greffe de tissu conjonctif), selon le besoin.

Enfin, le greffon prélevé est suturé sur la partie devant être recouverte ou renforcée.

La prescription d’un antalgique, de bain de bouche antiseptique et des soins locaux adaptés permettent une prise en charge post opératoire adaptée.

Suites opératoires

Le respect des consignes et précautions à prendre pendant les jours qui suivent l’intervention est déterminant pour assurer la bonne cicatrisation.

La zone prélevée guérit spontanément en quelques jours. La cicatrisation de la greffe de gencive est assez rapide, de l’ordre d’une dizaine de jours, à condition d’épargner toute brutalité sur la zone greffée au moment de l’alimentation et du brossage de dents.

Les 24 heures suivant l’intervention n’autorisent qu’une alimentation liquide, en évitant le glacé et le brûlant. Ensuite, une nourriture molle (qui ne nécessite pas de croquer) sera réintroduite pendant quelques jours. L’alimentation normale est reprise progressivement, selon la sensibilité et l’ampleur de la greffe.

Le tabac est à proscrire, car il complique nettement la cicatrisation et la bonne intégration du greffon sur la zone à traiter.

Les fils sont résorbables.

Hormis un risque d’échec par nécrose du greffon nécessitant un reprise chirurgicale, il n’existe pas de complication notable d’une greffe de gencive, mais le résultat en termes de couverture et de couleur peut être variable selon la situation initiale, l’état de la gencive et la santé générale du patient.

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